Chrysalis Records / CHR 1248 (UK), Sept. 1979
Bonus*
David Thomas : voix, flûte à bec
Tom Herman : guitare, basse, gong, voix
Allen Ravenstine : synthétiseurs EML 101 & 200, piano
Tony Maimone : basse, guitare, piano, orgue, voix
Scott Krauss : batterie, percussion
Titres signés Herman - Krauss - Maimone - Thomas - Ravenstine. Le texte de "The Voice Of The Sand" est tiré d'une chanson de Vachel Lindsay.
Production : Pere Ubu & Ken Hamann
Ingénieurs du son : Ken & Paul Hamann
Studio : Suma Studios (Paisneville/Ohio)
Masterisation originale : Sterling Sound, New York City (USA)
Graphisme original : John Thompson
Photos : Mik Mellen
Graphisme des rééditions (1999) : John Thompson
Enregistré et mixé du 21 au 30 mai et du 4 au 28 juin 1979 aux studios Suma.
Dans la version Hearpen (HR223), un des premiers mixages de All The Dogs Are Barking, le 3ème, est ajouté en bonus. Le 4ème mixage du même titre est proposé dans le coffret Architecture Of Language.
Label | Référence | Pays | Date | Commentaires | |
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Chrysalis | CHR 1248 | UK | Sept. 1979 | lp | |
Chrysalis/Phonogram | 6307 678 | Allemagne | 1979 | lp | |
Chrysalis/Ariola | 511248 | Pays-Bas | 1979 | lp | |
Base Record | Base 40142 | Italie | 1983 | lp | |
Base Record/Go International | GILP 52 | Italie | 1983 | lp | |
Rough Trade Benelux | Rough Benelux 2 | Pays-Bas | 1985 | lp | Référence sur le label : VR 22576 |
Rough Trade | Rough 6003/Rough US 20 | UK/USA | 1989 | cd | |
Bomba | BOM817 | Japon | 20/12/1998 | cd | Master de 1994 |
Cooking Vinyl | COOK CD 171 | UK | 22/03/1999 | cd | Master de 1994 |
Thirsty Ear | THI 57070-2 | USA | 22/06/1999 | cd | Master de 1994 |
RTI/Cooking Vinyl | CKV 2154 2 | Italie | 1999 | cd | Master de 1994 |
Get Back | GET 59 ou 059 | Italie | 2000 | lp | Vinyle 180gr, pochette ouvrante |
Get Back | GET 59 | Italie | 2004 ? | lp | Vinyle 180gr, pochette ouvrante |
Get Back | GET 90059 | Italie | 2004 | lp | Vinyle rouge |
Fire Records | FIRECD363 | UK/ROW | 18/03/2016 | cd | Master de 2015 |
Fire Records | FIRELP363 | UK/ROW | 29/04/2016 | lp | Master de 2015 |
Hearpen - Ubu Projex | HR223 | World | Octobre 2020 | dl | * Master 2020 pour format AAC |
Master de 1994 - Transfert digital à une résolution de 44.1 khz / 20 bit et mastérisation par David Thomas et Paul Hamann (Studio Suma).
Master de 2015 - Paul Hamann a digitalisé les bandes 2 pistes analogiques originales à la plus haute résolution disponible (192 Khz/24 Bit) (Studio Suma/2015). Brian Pyle a mastérisé les fichiers ainsi obtenus. L'édition vinyle a été finalisé dans le respect de leur source analogique par Pete Norman (Vinyl Tweek, Londres). Pour l'édition cd, les fichiers ont été convertis (44.1 Khz/16bit) à l'aide de la Sumex Brown Box élaborée et construite par Ken Hamann (Suma).
Master 2020 pour le format de fichiers AAC - David Thomas a utilisé les fichiers 192khz / 24bit générés par Pete Norman pour l'édition vinyle Fire Records de 2015.
Rough Trade, cd, 1989
Durant les sessions de transfert digital en 1994, il a été découvert que l'on pouvait ajouté ou soustraire 12db n'importe où sans changer pour autant le paysage sonore. Ce mystère provient des sessions originales de mixage en 1979. Le pressage original Chrysalis et les rééditions cd Rough Trade sont concernés par ce problème.
La chanson intitulée Jehovah's Kingdom Comes ! sur l'édition originale Chrysalis change son titre en Hand A Face A Feeling sur la réédition cd Rough Trade de 1989 pour devenir simplement Kingdom Come chez Cooking Vinyl en 1999 !
Nous pensons (encore) qu'il manque dans cette liste quelques éditions originales en musicassette, support très courant sur le marché de l'époque. Toute information à ce sujet est la bienvenue. A noter également, l'absence de sortie US en 1979.
Base Record était une compagnie italienne active dans les années 80. Sa spécialité était la distribution sous licence de labels comme Rough Trade ou Factory. Les quatre premiers albums ont fait l'objet d'une double édition entre 1980 et 1983, l'une sous la marque "Base Record", l'autre sous le nom d'un sous-label, Go International.
La référence VR 22576 figurant sur l'étiquette centrale du disque chez Rough Trade Benelux ne serait en fait qu'une référence propre à l'usine de pressage (CBS/Pays-Bas) et n'indiquerait en rien le numéro de catalogue du disque propre à l'éphémère département benelux du label anglais, qui est bien Rough Benelux 2.
L'édition vinyle italienne Get Back (GET 59 ou 059) était à l'origine sortie en tirage limité à 1 000 exemplaires en avril 1999 (selon le site Ubuprojex) mais plus probablement en 2000 si on en croit le copyright mentionné sur la pochette. Il y a eu une réédition (GET 59), probablement en 2004, toujours en vinyle 180gr, en même temps que l'édition "Lo-Cost". Pour les distinguer : sur la pochette de 2004, au verso, logo du label, crédits de l'édition et code barre (8013252315916) sont tout en bas en bas alignés sur une seule ligne. La liste des titres des deux faces est numérotée. Sur l'étiquette centrale du disque, la référence est GET 59. Sur la pochette de 2000, les mêmes informations sont toujours au verso mais juste à droite des crédits de production. Il n'y a pas de code-barre. La liste des titres n'est pas numérotée. Sur l'étiquette centrale, la référence est GET 059.
A moins que cela ne soit l'inverse !
L'album est présent dans le coffret Art Of Language sorti en 2016 chez Fire Records.
Pour être complet, ajoutons une erreur de pressage dans une usine américaine en 1979. Sous emballage de l'album de Jethro Tull, Stormwatch (Chrysalis Records - CHR 1238), si la face A propose bien le groupe anglais, sur la face B est gravée celle de New Picnic Time.
Le disque est arrivé comme ça, par surprise. Pere Ubu. Chaque disque, un miracle. Mais leur musique est devenue si sereine que je suis sûr que s'ils avaient vécu à l'époque de Dion and the Belmonts ou Paul Anka, ils auraient réussi à se faire entendre. "It's me again..." annonce David Thomas, avec sa voix à faire la pige à Mel Blanc. Et de fait. C'est bien lui. Plus louf que jamais, plus inspiré que jamais. L'esthétique du cri revue et corrigée par le dessin animé. "Have Shoes, Will Walk", ils ont sorti ça en simple en Angleterre, si vous pouvez imaginer... (Il y avait un feuilleton télévisé intitulé "Have Gun, Will Travel" dans les années 50). Imaginez Pere Ubu dans tous les boxes. Le monde serait peut-être plus sain. Une de mes favorites, c'est "49 Guitars And One Girl" . "Dont panic !", exhorte Thomas sur fond de cacophonie hawaïenne. Musique pour deux cents solex. Musique à faire cailler le lait. Musique à faire pousser les plantes, musique pour endormir bébé. Des mélodies ou des comptines aussi simples que des hochets. Pere Ubu ne fait pas de la musique qui S'IMPOSE. Pere Ubu fait de la musique qui vous laisse la place de respirer. Qui s'infiltre entre les lames de parquets ou entre les lobes frontaux. C'est la victoire de la fantaisie sur le sérieux (voir l'hilarant "One Less Worry" et le coup de chapeau à Tex Avery via le chien neurasthénique Droopy), triomphe de la légèreté sur la gravité (et David Thomas, comme tous les grands hommes de poids, en connaît un rayon sur la question), triomphe de la volonté ludique sur les impératifs du business.
Chaque chanson est une vignette, ou une texture, ou une lucarne. Musique tactile comme avec "The Voice Of The Sand" ("The sailors understand/There's far more sea than sand"). Musique slapstick comme "One Less Worry" (dans lequel Thomas révèle ses talents de comédien). Dance party time comme avec "Jehovah's Kingdom Comes !". Et une mélopée à méandres qui me fera peut-être oublier "Codex", "All The Dogs Are Barking". Pere Ubu, c'est une unité : les mêmes gens, le même producteur, le même studio et même le même photographe (Mike Mellen, qui habite dans le même immeuble ancien-bordel-de-Rockefeller sur Prospect Avenue). Ce qui sous-tend cette musique liquide, fantasque et rigoureuse à la fois, c'est la tranquille détermination qui semble animer ces cinq individus. C'est la musique la plus saine que je connaisse. Et le fait qu'elle nous vienne de cinq individus farouchement déterminés à rester à Cleveland est peut-être un signe de plus qu'ils nous font. Je voudrais surtout pas sonner mystique ni rien, mais quand j'entends les informations et toutes les merdes qui arrivent et tous les sonneurs d'apocalypse, cela me réconforte de savoir que quelque part, LA BAS, cinq mecs font de la musique à faire repousser tout ce qui est mort. Comme le suggèrent peut-être les rayures aqua-marine de la pochette, c'est aussi de la musique pour vous laver les dents avec. Pas TOUT A FAIT un picnic. Seulement un picnic si
on accepte les fourmis. Quelqu'un d'autre a dit ça. Search me.
Philippe Garnier, Rock & Folk, n° 158, Mars 1980
Pere Ubu compose une musique qui glace. Iceberg bleu dans une mer gelée ... Mais il produit aussi quelques clins d'œil et quelques sourires ... Oui, Oui, il possède de l'humour et c'est très fort. Après la fonte du glacier, le liquide réchauffé vous glisse entre le cartilage et les os ... Découvrez-le, je retourne dans ma banquise. Have Shoes Will Walk ... All the Dogs Are Barking ... Side Two ...
JM Alias, Gig, n°5, Avril 1980
En musique les sons synthétisés sont couramment employés parce qu'ils satisfont les perspectives mentales toujours plus ambitieuses. Le propre d'un musicien est de se nourrir des progrès scientifiques physiques et mécaniques de son temps. Pere Ubu produit depuis deux ans un rock'n' roll moderne tellement physique, provoquant une espèce de profonde atrophie sonore qui semble avoir marqué de façon indélébile la conscience des quelques auditeurs, rares, il est vrai, que la secte de Cleveland, Ohio draine depuis " Modern Dance " et " Dub Housing " (78 et 79). Pere Ubu a été incontestablement un des responsables de la vulgarisation du son électronique le poussant vers des limites quasi nucléaires, tout en restant attractif et en produisant l'une des musiques les plus sauvagement dansantes de la décennie passée (" 30 Seconds Over Tokyo " et " Final Solution "). Voilà pour la forme qui d'ailleurs s'apparente aux exigences artistiques de David Thomas, Allen Ravenstine et les autres. " New Picnic Time " est un disque lépreux, horrible mais vital, c'est un peu la boite noire de l'astronef terre lorsque celui-ci s'écrasa et où sont méticuleusement enregistrées toutes les péripéties et l'hystérie collective qui précéda la lente désagrégation du genre humain au seuil des années 80. On y entend " Goodbye ", l'adieu, " The Voice Of The Sand " , la voix du sable, " Jehovah's Kingdom Comes ! ", le retour au religieux dans les Etats Unis d'Amérique, la fabuleuse séquelle, " Have Shoes Will Walk ", " 49 Guitares et Une Fille ", " Un Petit Nuage Noir " et le final " Tous les Chiens Aboient " . Un Opéra pour les ténèbres et une incantation pour la pureté, un exorcisme radioactif; un grand sabbat dont vous êtes le sacrifice. La musique de Pere Ubu enfle au fil des albums. Le prochain ne sera-t’il qu'un long et sinistre silence ? On ne le souhaite pas, bien que la démarche d'Ubu soit irrémédiablement non-commerciale. Tout est pourtant extrêmement simple.
Si je vous disais que les kids de l'Ohio alimentent leurs parties avec Ubu et de l'Angel Dust, comme d'autres se goinfrent avec Blondie et du
Coca Cola. Ils existent. Pour eux ce n'est vraiment que le temps d'un nouveau picnic où le soleil n'est qu'une pastille, un halo étouffé. Les enfants de la nouvelle cécité. La musique les oriente. Les chiens se contentent des restes.
Francis Dordor, Best, n° 139, Février 1980
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